JE SUIS MAL ARME
Dans la chaleur moite d’aout,
penché sur le papier j’attaque
à mettre le poème en déroute.
Ça frise l’arnaque
ça ne fait pas de doute
et je rame grave en soute.
Même si la phrase est maladroite
jamais je ne serais carpe coite.
Ecrire en vers à soi
rien que pour la frime
voilà à quoi je trime.
Je suis toqué du chef
et m’y adonne derechef.
C’est un manque de tact
d’étaler ainsi ses tics
et si j’en prends acte
je n’ai aucune éthique.
A quoi ça rime d’écrire en vers
si ce n’est à prendre son pied
plaisir oh combien pervers
qu’il me convient d’expier.
Même au quatrain
je brise les reins
quant à la strophe
ça vire à la catastrophe.
Ne parlons pas de l’alexandrin
lucide je m’abstiens.
C’est plus que sûr
pour ne pas dire certain
qu’avec la pauvre césure
je suis un malandrin.
Mes dérisoires sornettes
ne feront jamais un sonnet.
Au haïku nippon
je fais harakiri
car il n’est pas ma façon
de faire dans le riquiqui.
Chez moi la Martine
va à l’école
Inutile que je me baratine
Mes pauvres rimes s’étiolent.
Je frise la déconfiture
et pour être honnête
mes vers ont bien peu d’allure
pour faire de moi un poète.