Pas assez
Je suis....
Je suis le sable mouillé sur lequel tu te promènes en longeant la mer
Je suis la couleur verte des herbes douces qui se couchent sous tes foulées
Je suis le crissement des graviers lorsqu’agacée dessus tu marches
Mais encore et encore tant de choses à faire et à devenir pour mieux t’aimer
Je voudrais être le sel habitant tes larmes lorsque tu rencontres des drames
L’électricité qui parcourt à la vitesse de l’éclair tes nerfs lorsque tu es en colère
L’écho trop beau et chaud de tes maintenant si rares très grands éclats de rire
Les gestes lents que tu fais rien que pour toi pour prendre soin de toi et te guérir
La petite tristesse qui te prend en voyant de jeunes enfants parce qu’il t’est loin ce temps
Mais aussi
L’odeur et le frémissement du blond oignon lorsque quelques plats tu cuisines
La couleur rouge et les crépitements du feu de la cheminée lorsqu’il te réchauffe
Le magazine qui t’attend et que tu ne prendras pas dans la si pénible salle d’attente
Le parfum de propre du linge lorsqu’encore mouillé tu le sors de la machine
Les odeurs croustillantes du pain lorsque toi tu entres dans une boulangerie
Le tain argenté et étonné du miroir lorsque par hasard tu le croises et t’y aperçois
Les perles de rosée sur le grand et haut verre glacé que tu prends pour te rafraîchir
Les oasis verdoyantes de tes rêveries lorsque fatiguée en bienfaitrices elles t’arrivent
L’institutrice désormais lointaine qui sans crier t’a appris à bien lire et à bien compter
La dernière de tes pensées que tu as chaque soir juste à l’instant où tu vas t’endormir
Les facéties désordonnées du vent qui en grand fou maboule joue avec tes vêtements
Le bruit mouillé de l’eau du ruisseau qui vient longuement chuchoter à tes oreilles
Les accélérations des battements de ton cœur lorsqu’en inattendu te vient un bonheur
Les perles de sueur qui naissent entre tes seins lorsque t’accablent de trop fortes chaleurs
Les rides légères qui se dessinent sur ton front lorsque tu es assaillie par d’âpres soucis
Les rebonds des gouttes d’eau sur ton parapluie lorsqu’avec lui de la pluie tu te protèges
De tes foulards et de tes écharpes les enroulements autour de ton cou lorsqu’il fait froid
L’émerveillement de tes yeux lorsque petite fille pour la première fois tu as vu la neige
Mais aussi les roseurs de tes joues lorsque pour la toute première fois tu as été amoureuse
Tu vois tu vois tant et tant de choses encore à faire et j’en oublie et j’en oublie
Tu vois tu vois et toi très vite il faut là que tu oublies que là moi tant j’en pleure
Parce-que je sais que je n’en aurai pas assez de toute une vie pour réaliser ces bonheurs.
Pas assez......... pas assez.................... pas assez............................... pas assez.