Judith Chemla
At the end of the landscape
Tu es la plus belle esclave et la plus grande reine de ton royaume
Des fruits de tes moissons tout doit être gardé les épis et les chaumes
Lorsqu’ainsi tu chantes tu sais si magnifiquement te plaindre et crier
Pour toute oreille humaine tu deviens poème de toi-même à nous donné
Le ciel et les abysses en même temps s’entrouvrent et s’entremêlent
Tu accouches du désir des petits hommes qui veulent rester vivant
On le savait déjà que tout un jour est ou se fera terriblement cruel
Comme sève dans plantes rien de chez nous ne peut se passer de sang
Mais contre vents et marées tu as décidé face à ça de rester belle
Les habits de brocart de tes nudités terriblement alors nous interpellent
On sait que ce que tu as là à nous dire est éminemment important
Comme le beau vol des hirondelles pour faire venir les printemps
Enceinte de toi-même on tremble déjà pour tes prochains enfants
Chez toi les sommets et les précipices sont si fortement et tant reliés
Dans le cloître des jours et des nuits si tu venais simplement à passer
Aucune des visions humaines ne pourrait prétendre t’avoir regardé
Mais ils seraient des millier qui pourront le jurer pour en témoigner
Il nous en vient des je t’aime pour toi de t’être par là ainsi aventurée
Et donc comme toujours de grandes peurs que tu nous prennes froid
Il en faut tellement peu pour qu’on se noie dans ce que à quoi l’on croit
Que vas-tu devenir après ce jour où tu as réussi à chanter comme cela
Il est effroyablement et intensément périlleux d’accomplir son acmé
Mais nous on veut croire pour être moins miséreux en des miséricordieux
Qu’il te reste plein de choses à dire du bout de tes doigts au piano devant toi
On les a déjà tant levés nos yeux vers cette courbe de la voûte des cieux
Dans l’intime de ton être tu nous as invités comment pourra t’on t’en remercier ?