A la manière de
Des angelots blonds Les sanglots longs
De leur flèche économe Des violons de l'automne
Ont percé mon coeur Blessent mon cœur
D'une rancoeur énorme D'une langueur Monotone
Je ne trouvais pas du tout ça risible comme je descendait des fleuves impassibles
D'être ainsi pris par le malheur Je ne me sentis plus guidé par les haleurs
Des mots rouges et rares étaient ma bible Des peaux- rouges criards les avaient pris
pour cibles,
Ils me nouaient aux anneaux du malheur. Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J'étais au fond du trou et n'en était pas fier C'est un trou de verdure où chante
une rivière,
Pliant sous le poids de l'amère déception Accrochant follement aux herbes
des haillons
Urgence où l'éveil a des relents de pierre D'argent; où le soleil, de la montagne
fière,
Fuir quand rien ne va et repousser les haillons Luit: c'est un petit val qui mousse de
rayons.
Avec le poids des mots roule ma peine Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et les toujours Et nos amours
Alors que l'heure vienne Faut-il qu'il m'en souvienne
Ne plus être roi et survivre quand même. La joie venait toujours après la peine.
Chienne de vie où je meurs Vienne la nuit sonne l'heure
Loin du bruit et de la rumeur. Les jours s'en vont je demeure.
Michel Astégiano