LE BAIN
La délicieuse et folle idée aurait été
De te donner comme à un enfant un bain
Tout en sachant pourtant bien
Que cela allait inévitablement dégénérer
Tu te serais voluptueusement glissée
Dans l’onde douce tiède et parfumée
Avec des mollesses de barque sur l’Oubangui
Ton corps se serait progressivement alangui
Spectateur attentif vif mais prudent
Tempérant mes ferveurs impétueuses
J’aurais attendu très longtemps l’instant
Pour te délivrer mes fièvres impérieuses
Avec des étirements et des lenteurs de fauve
Convoitant avec délice sa tant désirée proie
Je me serais glissé dans la lumière mauve
Jusqu’à t’effleurer enfin du bout des doigts
Patient et rusé comme un ultime sioux
Mes premiers gestes seraient dédiés à ton cou
Les fins cheveux un peu fous de ta nuque mouillée
S’enroulant en vague marine entre mes doigts écartés
A genoux sur les veinures du marbre
Cette posture de chevalier priant
Me donnerait des courbures de sabre
Par l’amour livré aux charbons ardents
Pudique impudique guettant le moment
Où enfin tu te déciderais à fermer les yeux
Je me ferais chercheur de corail aventureux
Me noyant avec délices dans les abysses lactescents
Feignant de découvrir que tu n’était pas une sirène
Ma main en apnée s’aventurerait jusqu’à ta ferveur
Vassal adoubé et comblé et te décrétant reine
J’atteindrais la félicité en t’offrant la suave langueur