de choses et d'autres sur le chemin des mots

QUIETUDE ET INQUIETUDE

QUIETUDE ET INQUIETUDE

Petit à petit on grandi...Un peu. Pas trop j'espère.... Car en grandissant le monde se rétrécie et en soi s'insinue le sentiment de s'être fait voler quelque chose.

Enfance, oscillation entre quiétude et inquiétude.

Monde jaune et duveteux de poussins piaillant sous la lampe qui les réchauffait, sentiment d'être plus proche d'eux que de ces grands corps souriants qui parfois m'arrachaient du sol : et si le rire était, il était cependant, teinté de quelques arrières peurs :
quiétude et inquiétude.

Moutons, plus grands que moi, animaux oh combien timorés, mes frères de laine qui passé l'émoi me bousculaient, c'était leur manière à eux de me dire qu'ils m'acceptaient parmi eux : quiétude.

Enfants... ces autres... créatures étranges surtout habités du besoin d'être plus : être plus fort, courir plus vite, petits soldats d'un devenir où l'on marche sur les autres. Inquiétude...

Forêts, automne, symphonie de couleurs, chant des feuilles mortes sous les pas, allongé dans ce tapis sonore, s'enivrer de son parfum : quiétude.

Ecole, écriture bâton, apprentissage d'un futur écrit par d'autres, quand tu seras grand ? Pas envie d'être grand, ni pompier ou ...
juste envie d'être : inquiétude.

Ruisseaux, chuchotements, première rencontre avec la musique, assis, les doigts caressés par l'eau, immobile dans un temps qui passe : quiétude.

Pas même artiste, tout juste artisan,
Quiétudes : précieux lambeaux glanés à l'aide de mains trop petites, grâce aux quels j'ai su circonscrire l'incendie de la vie.
Périlleux exercice lorsque tout brûle et se consume que de préserver cette petite flamme intérieure où l'on trouve la force d'aimer encore.

Inquiétude d'un monde où il va falloir apprendre à mourir.
Quiétude d'être dans le sentiment d'avoir sauvegardé l'essentiel.