de choses et d'autres sur le chemin des mots

LE TIROIR A MOTS

LE TIROIR A MOTS

 

Je pense à l’écriture, à la pensée qui ressemble étrangement au premier tiroir de ma commode, lieu de prédilection de tous les objets que l’on ne sait pas où ranger.

Cerveau, grand tiroir à mots, parfois un s’en échappe étrangement lié à un autre et l’idée surgit. On déroule le fil de la pensée, un mot en appelant un autre, on suit un chemin dont on ignore la destination. Je me raconte une histoire, dont je ne sais rien si ce n’est qu’elle ne m’est pas étrangère : je m’apprends.

Parfois la phrase est douce ou douloureuse et passe la robe du poème.

D’autre fois l’on se fait chat et l’on joue avec les mots, on les tourne, les retourne, les bascule, et d’un coup de patte on les tourneboule dans la boite à malice.

On s’agace les dents du savoir en le mettant à la sauce du doute. On fricote avec l’humour, mais l’exercice n’est pas anodin, rien n’est plus sérieux que la dérision.

Il convient de tordre le cou aux phrases toutes faites, il faut pratiquer la mise en danger, de soi et des autres : il convient d’être un déséquilibré.

C’est lorsque l’idée vacille qu’elle est la plus belle. La vie, la mort, de toute façon on est condamné à la distraction car le destin est toujours tragique.

Il  est impératif d’avoir de l’exigence pour être dans l’existence. Tout est fait pour faire de nous des lieux communs. Je l’atteste le texte doit contester et rejeter les mots que l’on nous a fabriqués.

No pasaran, il en va de la liberté d’être. Toutes ces phrases distillées jour après jour, on devrait interdire l’article « les » qui annonce toujours des phrases à vomir, marre de ces Les devant : arabes,  juifs, immigrés, ce « les » L.A.I.D., est un refus d’existence de l’autre et le pratiquer un renoncement de soi.

Frères humains qui après nous vivez... François je t’aime à travers les siècles, bandit poète, pour ta transcendance à l’ombre de la potence.

Les voyous ont changé d’habit et leurs appétits ont grandi. Mes mots sont bien petits, je les voudrais affutés comme des silex, car il y a des carotides à trancher. Sans doute ne serais-je même pas un caillou au fond de leur soulier, mais je me saurais gré d’avoir essayé, car la révolte est belle et il convient de ne pas l’oublier.

 

Michel Astégiano