de choses et d'autres sur le chemin des mots

DIRE ET RACONTER

Dire et raconter

 

Si tu ne peux pas  n’arrive plus à dire à écrire

Le très  long  chemin de croix de tes douleurs

Instantanément tu perds tes crayons de couleurs

Ce n’est plus qu’un monde en noir et blanc qui t’attend

Le sang des sans celui qui encore bouge n’en n’est plus rouge

Et alors  plus rien de cela n’arrivera jamais à te guérir

La vie te dévorera appliquée et lente comme une louve

Et tu ne pourras que geindre sans que personne ne t’entende 

 

Il faut au moins qu’il y ait des tourments qui bougent

Même les bougies devenues éteintes savent cela

Il faut néanmoins arriver à demander le désirés des bras

Si tu ne peux plus  n’arrives même plus à demander ça

La maison de toi se transforme en pestilente tanière

On ne pourra au mieux que te ramasser à la petite cuillère

 

Les enfers très souvent  n’arrivent pas toujours du côté que l’on croit

Trois hommes dont on n’a même  jamais demandé ensuite les paroles

Ont connu le plus surprenant des plus grands et des terribles effrois

Et ce fut pour eux une journée  et une nuit hallucinante et  terriblement folle.

Ils n’avaient qu’imaginé et redouté évoqué que des destins où on se noie

Mais jamais cet incendie se déclarant et dévorant tout depuis l’entresol.

L’histoire est très ancienne et se passa  un décembre dans  le phare d’Ar-Men

Les intestins de ce cyclope où survivaient comme ils pouvaient les trois gardiens

Se transformèrent en brasier  et en cheminée qu’animés de rage et de haine

Coincés tout en haut à la lanterne le feu montait vers eux en désirs assassins

Et quatre mille litres de pétrole menaçaient de se joindre à cette bacchanale.

Parmi eux  un nommé François Le Pape invalide et d’une jambe amputé

Auquel par ce biais la mort en lui dévorant  son membre avait déjà goûté

Sans doute qu’elle l’avait bien aimé et voulait les restes de lui en satiété.

Ils n’eurent  que le fil d’un paratonnerre  pour échapper à ce très noir destin

A coups jetés de seaux des eaux océanes ils ne triomphèrent qu’à l’aube pâle.

Cela  hélas en  misères et infâmes  ne fit même pas trois lignes dans la presse locale.

 

Dire raconter relater évoquer se remémorer

Les terribles histoires et les poignantes galères

Surtout  de ceux qui n’ont pas pu ou pas  su le faire

Exhumer conter ainsi  des vies qui sont six pieds sous terre

C’est tout de même un tout petit au moins les réanimer.

Et dans le récit se réunir  entre hommes de bonnes volontés

Comme lorsqu’on le faisait jadis au beau temps des veillées :

L’humanité  toujours se perd si facilement  à tout et tant  oublier.

 

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