de choses et d'autres sur le chemin des mots

CANICULE

CANICULE

 

Je suis encore là ce soir à errer dans le jardin des sentiments et je vais farfouiller dans ma brouette à mots.

 Je voudrai te mitonner un truc aux petits oignons. Te faire un amour campagnard et agricole.

 

 Dans la chaleur accablante de ce soir d’été, je caresse le projet de te faire entendre le doux clapotement de la pluie sur les feuilles et de te faire humer des odeurs de terre mouillée.

 

 Si je t’aime assez fort, je suis certain de te faire voir l’étonnement de l’escargot qui sort de sa coquille, et les : rondes gouttes d’eau, qui perlent sur chaque pétale.

Alors, tu verras, telles des naïades au sortir du bain, chaque fleur se redresser sous la jouvence pluviale.

 

Si je t’aime assez fort je te ferais voir des blondeurs de blé grêlées de coquelicots, des champs parsemés de timorés moutons et la rondeur d’un lac qui scintille.

 

Si je t’aime assez fort, j’arriverais à te faire remonter la généalogie de cette feuille de papier et à t’entrainer pour une balade en forêt. Tu serais délicieusement petite sous les grands arbres et baignée par des senteurs de mousse et d’humus. Il  suffira que j’écrive : fraise des bois, pour que tu en trouves et tu les picoreras en te tâchant les doigts. D’ailleurs il est tout à fait envisageable que tu entendes un coucou squatter et un pic-vert qui marteau-pique.

 

 

 Si je t’aime assez fort, je te ferais remonter en enfance. Je te referais vivre,  en  petite fille que tu étais et qui adorait se faire gronder lorsqu’elle sautait dans les flaques : il est si bon de désobéir...

Ressentir  la serviette et les mains qui  frictionnent les cheveux trempés. Alors tu entendras aussi la voix qui te dira : mais où as-tu encore été traîner ? Regarde dans quel état tu es ?

Buissonnière tu tairais ta réponse : Je me suis goinfré d’enfance et c’était bon. Les remontrances que tu me fais, me sont caresses, car je les entends comme des cris d’amour.

 

 

Ce soir, j’ai semé des mots : des mots graines sur le terreau des sentiments. T’ais-je aimé assez fort pour te faire oublier la minéralité de cette canicule ?